Il n'avait
jamais compris.
Lui, un homme aussi fervent, dont la foi jamais n'avait faibli.
Pourquoi lui? Pourquoi ces épreuves?
Dès sa plus tendre enfance, il avait sacrifié aux exigences de son dieu de bonté.
Dès qu'il sut marcher, il fréquenta la petite chapelle. Au début, ce n'était
que par curiosité et amusement mais bientôt un changement se produisit et il
partagea la croyance des pauvres loqueteux qui se réfugiaient là pour y trouver
un peu de réconfort.
Peu de gens venaient à cette chapelle construite si loin du village, et petit à petit elle fût désertée, sauf par le prêtre et par lui. Questionné sur le peu de fréquentation du temple, le vieux prêtre affirmait que son antique dieu omnipotent allait à l'encontre de la culture religieuse de l'époque, où les hommes avaient besoin d'un panthéon polythéiste de divinités spécialisés dans les différents aspects de leur vie quotidienne. Le vieux prête ajoutait d'un air sombre que son dieu mourrait avec lui. Après cette révélation, il avait décidé de ne pas laisser mourir un dieu si bon, ainsi en quelques semaines il était devenu le disciple du vieil homme. Et malgré les travaux à la ferme de ses parents, il ne manquait aucun des offices.
Les légendes que racontaient les vieilles femmes au coin du feu lors des veillés, l'avaient effrayé comme tous les enfants de toutes générations. Mais malgré les indicibles angoisses qu'il en avait conçu, il se rendait à la chapelle avec en sentiment de confiance qui le rendait plus fort, alors les acaropes aux six bras griffus, les gueules de morts et leur immense mâchoire écarlate ouverte sur leur ventre, les dyphèles fauves humanoïdes bicéphales et tous les autres monstres de ces méchantes mégères, n'auraient pu l'ébranler en ces moments là.
Même lors de la venue des loups en hivers, toujours sa ferveur l'emmenait vers cet îlot d'idéalisme. Et même lorsque durant ce fameux hiver, le vent descendu des montagnes avait fait fuir les loups loin vers le sud, il avait bravé la tempête et le froid, pour s'occuper de ce havre spirituel. A la fin de cette terrible saison, le vieux prêtre mourut, lui venait d'avoir vingt ans.
La chapelle
se trouvant donc orpheline, il l'adopta, s'y installa travaillant toujours malgré
tout avec ces parents. Là il trouva des trésors de connaissance, ayant reçu
l'éducation paysanne du village, s'ouvrait à lui un véritable nouveau monde.
Cinq années passèrent, le village s'était agrandi
avec l'arrivée de nombreuses familles, venues profiter de la manne agricole
de la région. Ce pays de vallées était généreux, opulent et ne semblait pas
vouloir s'épuiser.
Parmi ces nouvelles familles, il trouva une
jeune femme, chacun d'eux se reconnu dans l'autre et ils ne tardèrent pas à
se marier. La jeune femme avait tout comme lui un esprit curieux, à la spiritualité
fortement élevée et une grande soif de connaissance.
Il devinrent des êtres à part dans cette communauté,
ils étaient alchimistes, soigneurs, législateurs et même un petit peu magiciens
disaient certains. Mais apprécié de tous car disponibles, aimables et vivants
pour leur village et toujours fervents en leur dieu.
Les années qui suivirent virent l'arrivée de
trois beaux enfants.
Mais
pourquoi ces horribles épreuves?
Pourquoi cette Grande Infection, qui décima plus des trois quarts du village,
alors qu'avec sa famille, il distribuait une pléthore de soins attentifs, de
prières compatissantes, mais où sa femme et son plus jeune fils succombèrent
dans des souffrances indiciblement aiguës, pointues, dirigées?
Pourquoi cette boueuse inondation cataclysmique qui emporta son fils aîné et
encore bon nombre d'habitants du village, de bétail et détruisant champs et
bâtiments?
Et pourquoi cette guerre, entre ces peuplades venues de nulle part, pour on
ne savait quels motifs, avec ses hordes de pillards, où sa fille, toute l'image
de sa femme, fut abattue par l'écarlate hache de guerre d'un être simiesque
et nécrophile, puis à moitié dévorée par sa monture?
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?...
Pourquoi son dieu d'amour, avait été sourd à ses prières? Pourquoi l'avait-il
abandonné?
Il
sombra dans la plus profonde folie.
Il oublia son passé, sa vie, son nom...
Il se réveilla dix ans plus tard. La douleur l'avait quittée, il l'avait également
oubliée.
Mais il se réveilla avec une horreur intarissable pour l'humanité, et une haine
amère pour les divinités. Qu'est-ce qui en l'homme, pouvait bien le rendre aussi
bon ou aussi mauvais? Qu'est-ce qui faisait que l'homme oscillait entre ces
extrémités? Qu'est-ce qui dans le corps de l'homme le poussait à ces comportement?
Il devait trouver! Pourquoi? Il ne s'en souvenait pas et il ne s'interrogeait
même pas! Cette obsession s'était imposé à lui et était devenu sa raison de
vivre. Ainsi il entra dans l'Ectat, ainsi il devint un des premiers et des plus
grands dépeceurs de corps humains de tout Antaria.
Dépeceurs…
Ainsi avaient-ils été surnommés. L'horreur d'un corps amputé de ses organes,
cette peur vissée au plus profond de chaque être, avait contribué à l'utilisation
de ce vocable et lui avait donné un sens fortement péjoratif.
Certaine fois, un client fâché de son boucher, par raillerie et provocation,
le traitait ainsi, ce qui donnait lieux à d'épiques bagarres.
Il était même arrivé malheureusement de retrouver des morts sur les lieux de
bagarre, comme lors du Drame de la Boucherie dans la cosmopolite Salinka, que
le petit peuple avait surnommé l'Échauffourée de la Barbaque, où la confrérie
des bouchers s'était opposée à un groupe de clients mécontents. Les autorités
avaient retrouvé une vingtaine de morts sur les lieux du carnage, et près de
trente autres personnes moururent des suites de leurs blessures, les membres
amputés furent recensés mais depuis les chiffres ont été perdus, peut-être en
manquait-il?... mais cela on ne le saura jamais. Toutes ses horreurs à cause
d'une insulte qui avait fusé pour un quelconque motif racial, la confrérie était
de race Khantolen, la communauté Hû qui dirigeait alors Salinka se croyait supérieur,
voilà ce qu'en a retenu l'histoire.
Toutes les familles de bouchers s'exilèrent, et pendant quelques mois Salinka
ne mangea plus de viande. Mais l'homme est un prédateur carnivore et de nouvelles
familles de boucher furent sollicitées à venir s'installer, mais aucune ne fût
Khantolen.
Malgré tout le gouvernement avait dû prendre d'énergiques mesures pour éviter
qu'un tel drame n'arrive de nouveau. Un texte de loi fût rédigé pour punir toutes
personnes faisant usage de ce mot à mauvais escient, l'accusé écopait alors
d'un mois d'équarrissage, et l'usage de ce vocable fût rapidement abandonné,
toutefois attention à vous la loi est toujours en vigueur.
Mais aucun dépeceur ne mérite ce sobriquet, il est vrai qu'aujourd'hui on ne
saurait leur donner un autre nom. Il faut savoir qu'ils ont toujours été conscients
de l'importance de la précision, le soucis de la qualité sera toujours prépondérant,
et aucun boucher ne pourrait rivaliser avec eux dans la découpe des corps. Mais
qu'est-ce que la plèbe pourrait bien comprendre à cela, elle qui a une peur
panique des corps démembrés.
Personne ne se souvient clairement dans quelles conditions fût découvert cet
horrible " profession ". Suite au saccage d'un village par des troupes inconnues
venues de nul part, tous les cadavres avaient été retrouvés d'aucuns amputés
de membres, d'autres vidés de leurs viscères. C'était la première fois que les
hommes voyaient de telles mutilations, mais ils surent d'amblé qu'aucun animal
ou monstre n'aurait commis de carnage aussi " propre ".
Depuis, bien sûr nombre de chevaliers et d'aventuriers ont cherché à résoudre
cette énigme, mais elle est demeurée irrésolue. Les plus chanceux revenaient
sans avoir rien découvert de plus sur ce mystère, n'était ce pas mieux ainsi,
les autres, personne ne les a jamais revus.
Régulièrement, des individus disparaissaient. Définitivement Tout espoir était
abandonné dès la fin du premier jour de recherche car avec le temps les hommes
avaient appris à économiser leur énergie dans des recherches inutiles qui avaient
même par le passé été fatales à certains d'entre eux.
Les hommes avaient appris à vivre avec cette menace et au fils des ans elle
s'était estompée. En même temps la zone d'attentat s'était élargie et au global
le nombre de disparitions avait artificiellement chuté et aujourd'hui tous les
peuples d'Antaria sont touchés par ce fléau.
Pendant
longtemps après la destruction de son village, il avait erré sans but encore
choqué par toute cette horreur.
Dès qu'il arrivait près d'une zone habitée,
il se tenait à l'écart. Si c'était un village, il attendait la nuit pour dérober
quelques subsistances puis partait très vite, des villes il ne s'en approchait
jamais.
Le plus souvent, il chassait ou pêchait médiocrement, il avait perdu la sophistication
de la civilisation pour les outils de la vie quotidienne. De même il avait oublié
la douce chaleur du feu, sa force devant un ennemi et sa qualité culinaire.
Ainsi il avait pris goût à la chaire crue et en même temps, à la chaude odeur
de la chaire déchirée entre ses dents et à la couleur écarlate du sang se répandant
en hommage au vainqueur.
Il traversa maintes régions, habillé de guenilles qui avait perdu peu à peu
de leur superbe, tout au long de son périple. Quand l'Ectat le recueilli, il
cheminait presque nu, mais depuis longtemps la morsure du froid n'avait plus
de force contre sa peau insensible. A l'époque sans être déterminé à rien, la
haine qu'il couvait faisait de lui un surhomme.
L'Ectat avait ressenti cette colère misanthrope et théophobe. Si les dieux étaient
touchés à différents degrés par cette perte de foi, pour l'Ectat c'était une
parcelle grandissante de pouvoir supplémentaire.
Pris à d'autres affaires, l'Ectat avait pendant un temps oublier cette haine.
Quand il y repensa, plusieurs années après, il lui fallut dépenser beaucoup
d'énergie et plusieurs mois pour la retrouver et rencontrer ce loqueteux repoussant.
Mais pour l'Ectat la rencontre fut agréable car par-delà son enveloppe physique,
cette haine n'avait cessé de croître, fait extraordinaire chez un homme, cela
l'intrigua fort longtemps.
Longtemps
il avait erré avant que l'Ectat ne le retrouve, les ans s'étaient écoulés dans
ses veines et déjà les affres de la vieillesse s'accrochaient à ce corps trop
longtemps tombé en décrépitude.
Depuis que l'Ectat avait repris en main la destiné de cette boule de haine informe,
il l'avait transformé en tous points.
Une fois lavé, habillé et repu comment imaginé, qu'il y avait peu encore, il
avait le teint halé d'avoir enduré les intempéries, les traits décomposés par
ses années d'errance, les yeux, profondément enfouis sous de broussailleux sourcils,
semblaient-ils éteints, les cheveux sales, en bataille, couvert de boue, grouillant
de poux et de tiques tout comme la charpie qui lui faisait office de vêtements.
Maintenant, récuré, la vie commençait à affluer de nouveau en lui. Ses cheveux
et sa barbe avaient retrouvé leur chaude couleur rousse flamboyante, ses traits
avaient retrouvé une extrême dureté nourrie de colère et au fond de ses yeux
d'un vert glacial brûlaient plus visiblement de vives flammes d'une haine trop
longtemps contenue et la claudication qui l'avait pris pendant ses années d'errance
lui ajoutait ce côté maléfique et angoissant que produit sur la populace un
handicap disgracieux.
Un large et sombre chapeau à plumes cachait d'ordinaire sa calvitie, de la même
façon une lourde cape tout aussi foncé passée sur ses épaules dissimulait une
ample chemise immaculée aux manches bouffantes rehaussée d'un simple gilet noire,
un pantalon large d'un gris pâle plongeait dans de hautes bottes qui lui arrivait
aux genoux. Une ceinture à la boucle torturée et incrustée d'une onyx noir comme
la nuit, à laquelle pendait une dague d'apparat et une bourse bien remplie parachevait
sa métamorphose.
Maîtriser
la pression sur le scalpel.
Le corps n'est pas un ennemi, la lame doit
en faire partie.
Maîtriser la pression sur le scalpel.
La lame doit pénétrer les chaires, tout en conservant leur intégrité. Précipitation
et force sont les ennemis du dépeceur.
Maîtriser la pression sur le scalpel.
Il faut protéger l'organe convoité. Les organes sont vivants et comme toute
chose vivante, ils redoutent les blessures. En fait ils sont encore plus sensibles
et un organe abîmé ne survit jamais en dehors du corps qui l'abrite. Le dépeceur
doit avoir plus d'attention pour l'organe qu'il est en train d'extraire que
pour lui même.
Maîtriser la pression sur le scalpel.
C'est la première règle que tout futur dépeceur doit apprendre. Ensuite vient
la connaissance du corps, de la répartition des organes, de leur fonction, de
leurs interconnections, enfin vient l'apprentissage de la magie de la vie. Mais
savoir inciser, couper, là se trouve toute la grandeur et la puissance du dépeceur,
et rien, vraiment rien ne peut la remplacer.
Pour apprendre ces gestes, il fallait aux élèves s'acharner pendant plusieurs
mois le scalpel à la main sur des cadavres jamais très frais, et peu d'entre
eux arrivaient à passer l'examen final qui sanctionnait leur apprentissage et
qui leur permettaient d'atteindre à la connaissance du corps humain.
Il avait été l'instigateur de cet enseignement, sous la férule des premiers
membres de l'Ectat, qui avaient pris soin de rendre suffisamment sanglant cet
apprentissage afin que les élèves les plus faibles et sensibles abandonnent
et que les plus forts prennent goût au sang, jusqu'à l'obsession.
Il avait
pour devoir de former les recrus ramenées par les hommes de mains de l'Ectat,
à leur futur fonction de dépeceurs.
Dès leur première rencontre avec leur maître, les élèves éprouvaient une crainte
respectueuse pour cet homme hors du commun. De lui émanait une puissante aura
indéfinissable, qui impressionnait chaque personne qui le croisait. Pour exorciser
l'angoissante incompréhension de ce charisme, son entourage chercha dans ces
particularités physiques, des explications, une raison susceptible de les rassurer
pour continuer à le côtoyer.
Très rapidement, cette particularité, qui rendait ses interlocuteurs si nerveux
et mal à l'aise, était devenue le terreau fertile de nombreuses légendes sur
le Maître. Avec l'arrivée et le départ de nombreux élèves, ces histoires s'étaient
répandues comme des feux de broussailles. Comme leurs auteurs avaient disparus,
certains étaient " rentrés chez eux ", comprenez avaient fini en matériaux d'expérience,
d'autres étaient partis dans d'autres contrés pour exercer leur art diabolique,
les nouveaux élèves qui entendaient ces contes dès leur arrivée les acceptaient
comme vérité et il est vrai que le charisme de leur Maître encourageait à y
croire. Si bien qu'avec les années, même les plus extraordinaires avaient acquis
une réalité historique malgré leurs invraisemblances.
Comment avaient-ils fait ? Certainement avaient-ils employé la magie divinatoire.
Aussi dans leurs histoires en écoutant bien, il était possible de saisir des
bribes de sa véritable histoire. C'est comme cela entre autre que l'on avait
appris qu'il avait errer sur la terre pendant de nombreuses années et qu'il
vouait une haine farouche à l'humanité.
Personne ne comprenait pourquoi à son âge canonique, ses cheveux et sa barbe
arboraient encore la vive couleur de ses années de vigueur. Pour expliquer ce
fait si particulier, on racontait que la couleur rouge de sa toison était due
à son goût immodéré pour le sang, à force de l'absorber en mangeant son gibier
cru, le sang s'était fixé dans ses cheveux, d'autres affirmaient que s'était
le feu de sa haine envers les hommes et les dieux qui avait enflammé ses cheveux,
ces derniers n'avaient peut-être pas tout à fait tort.
Sa claudication aussi fût à l'origine de bien des histoires. D'après l'une d'elles,
c'était lors d'un printemps. Loin dans le nord du continent boréal Arka, la
vie reprenait ses droits sur un sol malmené par un rude hiver. La faune et la
flore sortaient péniblement à la lumière pour coloniser de nouveau un territoire
qui six mois plus tard serait de nouveau laissé pour mort. Pourquoi se trouvait-il
là ? Lui même ne le savait pas. Pour oublier ? Mais quoi ? La folie et la douleur
avaient déjà accompli pour lui ce prodigieux miracle, qui lui avait éviter d'en
arriver à un suicide certain car salvateur. Donc il était là, à déambuler sans
but dans un pays nouveau pour lui, mais son trouble mental l'avait empêché depuis
son départ de prendre les précautions d'usages de l'exploration et maintes fois
il avait échappé in extremis à une mort certaine. Alors qu'il explorait le terrain
à la recherche de quelques gibiers à ce mettre sous la dent, ou à défaut de
quelques baies ou racines pour remplir son estomac de façon acceptable après
plusieurs semaines de famine hivernale. Il ne remarqua pas de biens étranges
tiges, sortant du sol, couvertes de feuilles ondulant dans le vent frais et
surmontés d'une petite fleur blanche au doux parfum vanillé qui semblait suivre
avec un intérêt vorace, ses moindres faits et gestes. Quand il s'approcha, il
ne perçut qu'un mouvement fulgurant et violant. Il reprit ses esprits quelques
secondes plus tard, dans un terrier molletonné de soie, face à un mollusque
insectoïde, son pied droit avait disparu jusqu'à mi mollet dans la gueule de
la bête, une gueule faite de mandibules mauves hérissées de crocs autour desquelles
s'agitaient de petits tentacules bleus, un dard venu du fond du terrier vint
se ficher dans le haut de sa cuisse. La douleur vint seulement ensuite quand
le venin lui fût injecté au niveau de l'aine, il sentit sa peau se décoller
sous la pression d'un volume gros comme un poing. Il réagit au bon moment, dégainant
une dague abandonnée dans la soie du terrier par un précédent voyageur malchanceux,
il la plongea au milieu de la multitude lumineuse des yeux de la créature, l'un
et l'autre lutaient dans une intense douleur commune pour ne pas sombrer dans
l'inconscience, bientôt la phosphorescence des yeux décrut, il su qu'il était
sauvé et s'abandonna. Quand il se réveilla, il su que plusieurs jours étaient
passés, son estomac criait douloureusement famine. Mais il dut commencer par
enlever le dard qui était toujours enfoncé dans sa cuisse ainsi que son pied
qui était resté parmi les mandibules du monstre, il n'en ressenti aucune douleur
et pour cause il était paralysé à partir de la ceinture. Ne pouvant se mouvoir,
il dut se contenter du cadavre exsangue de son ennemi pour toute nourriture,
il profita également de son terrier car il était encore trop faible pour envisager
quoi que ce soit, seul manger et reprendre des forces lui importait. Il resta
là une semaine avant qu'il puisse de nouveau faire fonctionner ses jambes et
marcher. Depuis de temps à autre, il pose une main sur sa cuisse droite et la
grimace qui déchire son visage indique qu'il lutte contre la terrible douleur
sourde causé par le dard et son venin.
Dépeceurs.
Comme ce terme est éloigné de la vérité. Mais ils en avaient cure, l'avaient-ils
jamais entendu d'ailleurs, en tout cas seulement longtemps après qu'il eut été
commencer à être utilisé.
En de rares occasions, des corps amputés avaient été retrouvés. La question
de ces amputations n'avait jamais été tranchée, mais la raison la plus couramment
admise était celle de sacrifices et d'agapes. A qui? Pourquoi? On ne peut pas
toujours trouver toutes les réponses pour élucider un mystère.
Les premiers membres de l'Ectat, qui s'étaient éloignés de la civilisation d'Antaria,
avaient été à raison désignés responsables, sans malgré tout que quiconque en
apporte la moindre preuve matérielle, mais le reste du monde supputait de fausses
raisons à ces macabres découpages.
L'Ectat refusant le recours à la Tech, avait lancé le défis péremptoire à la
face du monde, qu'il reviendrait tôt ou tard avec une magie supplantant la Tech
définitivement et imposerait un monde équilibré à visage humain et non défiguré
par la Tech qui avait disait-on perdu la précédente Antaria.
Pour cela L'Ectat, avait recherché tous les hommes déviant de la civilisation
d'Antaria et plus précisément parmi ceux-là, ceux qui en avaient une insondable
horreur. Les membres de cette secte aux noirs desseins, écumèrent tous les bas-fonds
des grandes cités et en exhumèrent la substantifique moelle, les hommes les
plus vils, les plus misérables, les plus abandonnés.
Pendant cette période, la nomenklatura de L'Ectat, était à la recherche de sa
vengeance contre le Tech, les idées ne leur manquaient pas mais le coup d'éclat
qu'ils cherchaient restait encore hors d'atteinte. Et miraculeusement il lui
revint des bribes d'une enfance qui avait dû être la sienne. La nuit, des êtres
aux membres multiples, aux allures humanoïdes mais bestiales, aux crocs ensanglantés,
venaient bercer son sommeil malade. Ces monstres allaient devenir le cauchemar
de la civilisation d'Antaria, le fléau de la Tech, les messagers de la renaissance
de la Maho, les alliés de L'Ectat pour la construction de leur nouveau monde,
leur nouvelle civilisation Le Peuple Virginal de la Nouvelle Ere.
écrit par JAZZY, Aôut 2001.
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